Shadi Ghadirian : une photographe iranienne qui défie les conventions

La semaine dernière, je regardais « Focus Iran » : un documentaire qui met en lumière la scène photographique contemporaine en Iran, à travers le regard de cinq photographes, dont quatre femmes, qui capturent la complexité de leur pays. Le film offre un portrait intime de leur travail, de leurs défis et de leur vision artistique, tout en révélant une image moderne et nuancée de l’Iran.
Je connaissais déjà les photographies de l’une d’elles : Sadi Ghadirian et ses mises en scène. J’ai eu envie d’en savoir plus.
Shadi Ghadirian : une photographe iranienne qui défie les conventions
Shadi Ghadirian est une photographe iranienne née à Téhéran en 1974. Elle est surtout connue pour ses séries de photos qui explorent les thèmes de l’identité féminine, de la tradition et de la modernité en Iran. Son travail a été exposé dans le monde entier et a été salué par la critique pour sa capacité à capturer la complexité de la vie des femmes iraniennes.


Elle a commencé sa carrière de photographe à la fin des années 1990, à une époque où l’Iran connaissait des changements sociaux et politiques importants. Son travail reflète les tensions entre les valeurs traditionnelles et les influences modernes qui façonnaient la vie des femmes iraniennes à cette époque.
Séries photographiques
L’une des séries les plus connues de Ghadirian est « Qajar », qui présente des femmes vêtues de costumes traditionnels de l’époque Qajar (XIXe siècle) tenant des objets modernes tels que des radios et des aspirateurs. Cette série explore la façon dont les femmes iraniennes naviguent entre leur héritage culturel et les exigences de la vie moderne.
Une autre série notable est « Like Every Day », qui présente des femmes portant le tchador (un vêtement traditionnel islamique) et tenant des objets du quotidien tels que des fers à repasser et des balais. Cette série remet en question les stéréotypes sur les femmes musulmanes et souligne la diversité de leurs expériences.


Un style mêlant tradition et modernisme
Le style photographique de Shadi Ghadirian se distingue par une approche qui harmonise les éléments classiques et contemporains, mêlant l’esthétique de la photographie historique iranienne avec les préoccupations actuelles. Elle élabore des mises en scène soignées, rappelant les portraits de studio de l’époque Qajar, où chaque détail des costumes, des décors et des accessoires est méticuleusement agencé. Un aspect central de son travail réside dans la juxtaposition d’objets et de symboles traditionnels avec des éléments modernes, mettant en lumière les tensions et les contradictions auxquelles sont confrontées les femmes iraniennes dans la société contemporaine. Ghadirian se concentre sur la représentation des femmes iraniennes, explorant leur identité, leurs rôles sociaux et leurs expériences, remettant en question les stéréotypes et offrant une vision nuancée de leur vie. Elle utilise souvent l’humour et l’ironie pour aborder des sujets sensibles et provoquer la réflexion, rendant son travail accessible tout en transmettant des messages puissants. Son style est également marqué par des références à l’histoire de la photographie, notamment aux portraits de studio du XIXe siècle, qu’elle réinterprète pour créer des images contemporaines qui dialoguent avec le passé. En somme, Shadi Ghadirian crée des images à la fois esthétiquement saisissantes et socialement pertinentes, grâce à un mélange unique de tradition et de modernité, de classicisme et de subversion.


Ce qui me touche, m’inspire
L’année 2022 a été un tournant dans ma prise de conscience féministe ( oui, c’est tard mais comme dit le proverbe : « mieux vaut tard que jamais »). Le 24 juin 2022, la Cour suprême des USA annulait un arrêt fédéral qui garantissait le droit à l’avortement. Quelques mois plus tard, le 16 septembre 2022, à Téhéran, Masha Amini mourrait pour « port du voile non conforme à la loi ». Son meurtre par la police est à l’origine du mouvement spontané « Femme, vie, liberté ». Ces deux événements ont agi comme un électrochoc pour moi, une femme vivant dans un pays où les droits fondamentaux des femmes sont protégés. Je suis alors partie à la recherche des artistes femmes qui utilisent leur art pour défendre les droits des femmes. C’est dans ce contexte que j’ai croisé pour la première fois le travail de Shadi Ghadirian. Elle fait partie de celles qui ont inspiré « La Petite Boîte Verte » : une série de photographies et de textes, écrits par mon amie Élise Person, qui aborde les lois qui contraignent les femmes dans le monde. Je n’aurais sans doute jamais l’occasion de croiser Shadi Ghadirian donc j’écris ce modeste article pour lui dire merci : merci pour son travail, merci pour son engagement, merci d’être inspirante, merci pour les femmes d’Iran et d’ailleurs !

POUR
ALLER
+ LOIN

Le site web de Shadi Ghadirian

Le compte de Shadi Ghadirian pour suivre son actu.

Le fim Focus Iran, sur Arte Boutique.